Acte 1- Vendredi) Je me rends chaque vendredi dans une classe de 4e année.
Sylvain (faux prénom) ayant reçu 5 remarques, je lui donne une punition : recopier un long texte (de 700 mots) ayant comme titre « La vie est belle » (Témoignage d’une personne ayant rencontré un homme qui était toujours positive dans la vie)
Acte 2 – le lundi qui suit) La directrice m’appelle et me demande de téléphoner à la maman qui n’est pas d’accord avec la punition.
Acte 3 – au téléphone)
« Bonjour madame, c’est monsieur Bruno, la directrice m’a demandé de vous recontacter car vous ne semblez pas d’accord avec la punition donnée à Sylvain
– Oui, je trouve que le texte est trop long, qu’il n’est pas adapté pour les enfants. De plus, étant très malade, mon mari et moi avons été choqué par ce texte. […]
– Premièrement, cette punition intervient après 5 remarques, je ne l’ai donc pas donnée à la légère et Sylvain savait à l’avance ce qui allait lui arrivé s’il avait autant de remarques.
– Ah oui, au fait, pourquoi a-t-il eu ces remarques ?
– Pour du bavardage en classe et pour avoir joué en classe au lieu d’écouter ou de travailler.
Deuxièmement, une punition qui est faite en 20 minutes risque de ne pas avoir beaucoup d’effet. Pour qu’un enfant n’ait plus envie de recommencer, il faut que la punition l’ennuie fortement. Je rappelle aussi que arrive à cinq remarque est assez grave.
Troisièmement, avant je donnais des lignes à copier. Je ne trouve plus cela intéressant, l’enfant n’apprend rien et en plus, il recopier bêtement sans réfléchir et très rapidement. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un texte qui a du sens (une « morale ») et la copie d’un texte fait progresser en orthographe. Je ne trouve donc pas que cette punition soit « bête » comme vous dites.
– Vous savez dans l’état de santé que je suis, je n’ai pas envie de me battre avec mon fils pour qu’il fasse cette punition. C’est déjà pénible pour lui faire faire ses devoirs, alors vous pensez bien que…
(La sonnerie retentit, je clôture la conversation en rappelant que l’on pourra en rediscuter si elle le souhaite.)
Acte 4 – La vendredi suivant) Sylvain n’a toujours pas fait sa punition. Je décide de la doubler et qu’il la fasse durant la journée (et durant les récréations). Celui-ci n’avance pas, et n’a écrit que la moitié d’une puntion après une journée.
Acte 5- deux jours plus tard) La directrice me dit que la mère a téléphoné « furibard » parce que son fils a dû copier la punition durant la journée. La directrice me demande donc de ne plus écarter Sylvain des cours pour qu’il n’accumule pas de retard. J’accepte cette remarque justifiée mais je rappelle que je tiens absolument à ce que cette punition soit faite. Je demande également à la directrice de prendre Sylvain durant les récréations pour la faire terminer (étant donné que je ne suis pas dans l’école les jours suivants)
Acte 6 – Le vendredi suivant arrive) Sylvain est subitement absent durant la journée ! Je n’ai toujours pas sa punition (mais je tiendrai bon)
(à suivre)
Conclusion
Il faut vraiment être perspicace, tenace et sûr de soi pour réussir à se faire respecter par les enfants et par les parents.
Si certaines remarques peuvent être justifiées et utiles pour lutter contre les abus de pouvoir, ce cas-ci ne me le semble pas du tout. À nous de faire la part des choses, à tenir bon dans la plupart des cas et à s’adapter lorsqu’on se trouve en « tort ».
La prochaine fois que j’ai un problème de ce genre, je compte donner l’interview de la psychanalite aux parents (pour qu’ils se rendent compte de mauvais service qu’ils rendent à leur enfant).
Dorénavant, avec cette classe, je ne punis plus en faisant copier à la maison. Je sanctionne (après 3 remarques) en privant la récréation qui suit et en demandant à l’enfant de s’ennuyer.
Avantages :
– Plus rien à copier et à exiger
– S’ennuyer est tout aussi (voir plus) ennuyant que de copier
– L’apprentissage n’est plus une punition. (En effet, si copier la conjugaison ou un texte est une punition, lorsque cette activité sera demandée dans le cadre d’un apprentissage, celle-ci sera malheureusement considérée comme une punition)
– Plus de problèmes avec les parents.
Inconvénient : Cette sanction me prive également de mon temps libre (pour surveiller), mais je suis disposé perdre ce temps.
Bruno Dobbelstein
Bonjour,
J’aime beaucoup votre site, j’ai lu plusieurs articles, mais c’est mon premier commentaire 🙂
Je me permets de réagir, car vous donnez plutôt de bonnes idées éducatives, cependant demander seulement à l’enfant de s’ennuyer me semble un peu facile (ou pas, ça dépend des enfants), je comprends l’idée que l’apprentissage ne devienne pas une punition (pour ne pas les démotiver d’apprendre), cependant il me semble que la punition est une forme d’apprentissage en elle-même et je crois qu’elle doit être utile, ou en rapport avec la ou les fautes commises.
Je veux dire par là, plutôt que de faire perdre ‘bêtement’ du temps à vous (pour les surveiller) et à eux, pourquoi ne pas leur proposer de réfléchir à leur punition, pourquoi sont-ils punis, selon eux, il peut y avoir des surprises, et leur faire comprendre les rôles d’adulte-éducateur et d’enfant-élève. Communiquer, écouter, apaiser les tensions, entretenir une relation de confiance. Quitte à perdre ce temps, autant qu’il soit productif ! C’est ma conviction. 😉