Comment coacher (un pongiste) ? 27 règles

écrit le 25/03/2012 mis à jour le 10/05/2019

Coacher, c’est accompagner un joueur dans sa recherche de solutions.  J’adore cela.
C’est en coachant mes enfants (parfois très mal) et d’autres joueurs que j’ai appris quelques « trucs » que je vous expose ici :

AVANT LE MATCH

1) Bien connaitre le jeu et les capacités de son joueur

  • Pour bien coacher, il faut savoir ce que son joueur est capable de faire.
  • Cela ne sert à rien de lui dire de toper du revers en ligne droite s’il ne sait pas le faire.
  • Est-il capable d’enregistré plus de 3 conseils tactiques ?  Est-il capable de comprendre une tactique élaborée et complexe ?

2) L’interroger, l’écouter pour bien le connaitre :

  • Aimes-tu être coaché ?  Souhaites-tu être coaché ?
  • Aimes-tu être encouragé, applaudi ?  Est-ce que cela te booste ou te stresse ?
  • Aimes-tu les temps morts ou cela te perturbe ?

3) Enlever la pression et le stress (du résultat et de ses conséquences)

Rappeler au joueur que le résultat n’a pas d’importance.

Ce qui est important, c’est de jouer à fond, de faire son possible pour essayer de gagner, d’essayer de bien jouer, de reproduire ce qui a été appris à l’entrainement, de rester fair-play.

Ne pas lui parler des conséquences possibles de sa victoire ou de sa défaite, des enjeux.

Ne surtout pas dire : « Si tu gagnes, tu seras qualifié pour la finale » ou « Si tu perds, tu ne pourras pas aller au top12 »

4) Paraitre très calme soi-même (être neutre), ne pas transmettre son stress

Même si l’enjeu est important, ne pas montrer (et transmettre) sa nervosité.

 

5) Pas de tactique avant une première confrontation

AVANT le match, il faut surtout concentrer son coaching sur son propre jeu
(ex: n’oublie pas de bien te placer avant de jouer, de frotter la première balle,…)

Il m’est déjà arrivé de donner des conseils tactiques sur un joueur d’après ce que j’avais pu voir à d’autres matchs.
Cela a empêché mon fils de jouer librement et spontanément son jeu et les conseils tactiques se sont avérés inefficaces.

6) Ne pas partir gagnant et penser déjà au match suivant.

Se concentrer match par match, point par point, sans penser au tour suivant, au match suivant.

Ne pas penser que l’on va gagner à coup sûr un match, cela diminue la concentration et peut amener des surprises.

Ne pas sous-estimer l’autre, qui a peut-être évolué, progressé depuis la dernière confrontation.

Exemple vécu en 2019 : mon fils avait regarder son tableau qui était « relativement facile » et pensait déjà à son quart de finale.  Il a perdu par surprise en huitième de finale (après avoir mené 2-0 et 10-7).

7) Y croire toujours, ne pas partir perdant  !

Ne pas partir vaincu à l’avance.  Ne pas croire que l’autre est imbattable.  Ne pas être impressionné par le classement de l’autre.

Il suffit de peu de choses pour renverser une situation très difficile.

Ce sont souvent les personnes les plus positives, les plus combatives et parfois les plus « prétentieuses » qui gagnent.

(2012 : Mon fils E4 vient de battre son premier D2,   3 sets à 0.    Il y croyait, et j’y croyais aussi avant le match !)

 

PENDANT LE MATCH

1)Être, paraitre calme (neutre).  Pas de gestes, de commentaires, d’encouragements nerveux.

  • Le joueur ne doit jamais être perturbé par son coach, par ses gestes, ses commentaires,…
  • Le joueur doit être concentré sur son match et ne penser à rien d’autre.
  • Être assis durant la rencontre.
  • Ne montrer aucune expression sur son visage durant les points.

2) Positiver et encourager (avant ET pendant le match)

  • Après certains points perdus, encourager le joueur : « Ce n’est pas grave, on continue à jouer, ce n’est pas fini ». Cet encouragement est particulièrement important lorsque le joueur est « découragé » d’avoir subi un point de chance, ou d’avoir raté une balle très facile.
  • Ne jamais dire qu’il a mal joué entre les sets pendant le match.  (Après la compétition, on peut lui dire, mais ce n’est pas conseillé.)
  • – Ne pas montrer au joueur son stress, son découragement, ou sa déception de le voir mal jouer.  Rester soi-même positif

3) Pas trop de conseils

Dire 6 choses à améliorer, c’est risquer que le joueur oublie et n’applique pas le plus important.

Il faut donc choisir les 3 plus gros changements à apporter.

Certains joueurs sont capables de retenir et d’appliquer jusqu’à 5 conseils.  D’autres ne le savent pas.

4) Conseils à tester à ajuster en cours de set, en cours de match

Rappeler au joueur que certains conseils doivent être essayés mais ne fonctionneront peut-être pas, et qu’il ne faudra plus les suivre s’il constate que cela ne fonctionne pas.

Exemple : Durant le premier set, tu as toujours attaqué dans le revers. Essaye un peu d’attaquer dans le coup droit. Mais si tu vois qu’il bloque bien et que cela ne fonctionne pas, ne continue pas systématiquement.

5) La variation

Rappeler qu’une tactique ne doit jamais être suivie à 100%, car l’autre risque de s’habituer et de trouver la parade.

Il faut toujours varier et surprendre l’autre.

Exemple : Si le joueur adversaire bloque mal du coup droit, il ne faut pas attaquer tout le temps dans le coup droit, mais 1X/5 dans le revers et au milieu pour que l’adversaire ne sache jamais à l’avance où se préparer.

6) Reconnaitre la complexité des solutions
Un point fort peut être une faiblesse dans certaines situations

  • Exemple : un joueur peut avoir un super top du coup droit lorsqu’il pivote, et avoir plus de problèmes lorsqu’il doit le jouer fond coup droit.
  • Un joueur peut très bien jouer du revers près de la table, mais lorsqu’il se trouve loin de la table, son revers devient un point faible.
  • Même si l’autre joueur a un très bon coup droit, il faut, pour varier et pour surprendre  y aller de temps en temps.

7) Après un set gagné,…

  • Ne pas (trop) coacher (pour ne pas perturber ce qui a bien fonctionné)
  • Donner un ou deux petits conseils, une ou deux petites corrections, pas plus.
  • Rappeler que ce n’est pas gagné et qu’il faut rester concentré
  • Il m’est déjà arrivé de dire à mon fils d’attaquer plus alors qu’il venait de gagner le set en poussant beaucoup.
    Il a finalement perdu son match.

8) Après un set perdu, si son joueur a bien joué,…

  • Baser son coaching sur les faiblesses de l’autre
  • Chercher à empêcher l’autre d’utiliser ses points forts
  • Lui dire qu’il a bien joué et qu’il faut continuer ainsi en changeant quelques petites choses

9) Après un sert perdu, si le joueur a « mal » joué,…

  • Baser son coaching sur son propre jeu (placement des jambes, gestes, pivot, agressivité,…)
  • Rester positif et encourager

10) Écouter le joueur

  • Le joueur vit et ressent des choses que le coach ne perçoit pas. Un coach ne vit pas le match de l’intérieur et ne comprend pas toujours  les effets que l’adversaire donne à ses balles.
  • Laisser parler le joueur sur ce qu’il a vécu durant le set, ce qu’il lui pose problème.
  • Tenir compte de ce qu’il a dit pour trouver des solutions.
  • Le joueur est le placé pour expliquer ses difficultés, les effets de balles.

11) Parfois, NE PAS COACHER et ne pas regarder !

  • Afin d’obliger le joueur à réfléchir par soi-même, et à se prendre en main,
  • Afin de ne pas perturber et stresser le joueur
  • Afin que le joueur ne se concentre uniquement à son match

12) Éviter de coacher son enfant (sauf s’il apprécie)  !

(conseil ajouté le 2 avril 2012)
En effet, j’ai pu constater que le lien affectif entre un enfant et un parent perturbait le coaching.
L’enfant qui écoute son « parent-coach » se dit « Que pense-t-il de moi ? M’aimera-t-il toujours si je perds ? » au lieu d’écouter les conseils.
Le parent-coach est plus nerveux et s’énerve plus facilement avec son enfant, et lui transmet son stress.
J’ai remarqué que mes enfants écoutent mieux un coach « étranger » que moi.
Lorsqu’un bon coach est disponible, il est donc préférable de lui passer la main.

conseil ajouté le 7/3/2019 : Dans certains cas, si le parent est un connaisseur et si le parent sait rester très calme et positif, le coaching du parent peut être efficace et peut même rassurer l’enfant.

 13) Observer chaque point attentivement

Le coach doit être concentré et analyser chaque point tactiquement.  Pourquoi a-t-il perdu ce point ?  Pourquoi l’a-t-il gagné ?

14) Que n’a-t-il pas encore essayé ?

Penser à ce que le joueur n’a pas encore essayé et pourrait mettre en place.

Qu’est-ce que le joueur a oublié de faire, d’essayer ?  Quelle variation de jeu n’a-t-il pas mis en place ?

 15) Connaitre les tactiques, les effets du ping (et l’avoir vécu)

Idéalement, un coach doit avoir vécu des situations pareilles pour pouvoir aider le joueur.

Le coach doit connaitre les différents coups, les différents effets, les différentes stratégies du ping.

 16) Anticiper les changements de tactique de l’adversaire

Quand l’adversaire vient de perdre un set (et qu’il est coaché), celui-ci va très probablement changer de système de jeu, ce qui pourrait rendre inefficace son propre coaching.  Il faut donc avertir son joueur de ces changements possibles et de la réponse à apporter à ce changement.

 

APRÈS LE MATCH

1) Laisser décanter…

Si le joueur est énervé, en colère, laisser le joueur se calmer et s’isoler avant d’aller lui parler.

2) Utiliser ses défaites pour apprendre

  • Chaque défaite permet d’apprendre, à condition de chercher les causes et les lacunes et de les retravailler à l’entrainement.
  • Expliquer au joueur qu’on va retravailler tel point à l’entrainement.
  • Projeter le joueur sur le futur et pas sur la défaite passée pour lui redonner le moral.

3) Faire réfléchir le joueur

  • À ton avis, pourquoi as-tu perdu ?
  • Qu’est-ce qui n’a pas bien fonctionné ?
  • Qu’est-ce que tu aurais pu essayer ou changer ?

4) Féliciter le joueur s’il a bien joué  (surtout s’il a perdu)

Ne pas oublier de féliciter le comportement du joueur et non le résultat.

 

Bruno Dobbelstein, pongiste (acharné) depuis 1982

 

 

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