Pourquoi simplifier l’orthographe ?
Voici 8 raisons pour lesquelles j’approuve totalement toute simplification orthographique à condition qu’elle soit logique et permette toujours de comprendre les nuances de sens de la langue française.
1) Trop de personnes critiquent, dénigrent, excluent (emplois) ceux qui commettent des erreurs orthographiques. De quel droit osent-elles juger ces personnes ? Serait-ce par besoin de se sentir supérieures à d’autres ?
Beaucoup de citoyens sont (anormalement) exclus de l’emploi, de la société pour des raisons orthographiques alors qu’ils maitrisent bien d’autres compétences utiles à leur emploi.
2) La maitrise de l’orthographe nécessite beaucoup trop de temps (1000 à 2000h) au détriment d’autres apprentissages bien plus utiles (vocabulaire, construction de phrases, écriture (rédaction), éveil scientifique, géographique, historique, éducation aux médias, informatique, mathématiques, éveil artistique, sécurité domestique, développement corporel,…).
Ne serait-ce pas l’excès de temps consacré à la maitrise de l’orthographe qui abaisserait le niveau scientifique (et …) des élèves de la Communauté française ?
3) L’orthographe du 17ème siècle ne ressemble guère à celle d’aujourd’hui. Et nous ne nous en portons pas plus mal. Pourquoi vouloir absolument conserver l’orthographe actuelle ?
L’histoire véhiculée par l’orthographe n’est connue que d’une très faible minorité de personnes. Il n’est donc pas important de vouloir maintenir à tout prix l’orthographe telle qu’elle existe au nom d’un héritage culturel, historique.
Exemple : « ortografe »
–> « orto » vient du grec « orthos » qui signifie « droit »
–> « grafe » vient du grec « graphein » qui signifie « écrire »
4) L’orthographe doit uniquement permettre de mieux communiquer.
L’orthographe française devrait être un outil au service de la lecture, de l’écriture, de la communication. Ces heures se déroulent au détriment de l’apprentissage réel de la langue, celle qui sert à mieux comprendre et à mieux s’exprimer.
(Exemple: Si le mot « orthographe » s’écrivait « ortografe », tout le monde continuerait à comprendre le sens de ce mot. Par contre, la plupart des accords sont logiques et permettent de mieux comprendre certaines phrases.)
5) La complexité de la langue française, en particulier de son orthographe entraine le dégout pour son apprentissage par certains enfants et par beaucoup d’étrangers.
L’écriture, moyen d’expression, est trop souvent freinée par l’orthographe. Tous les enfants aiment inventer, écrire des histoires, s’exprimer par écrit mais certains ne le font pas ou n’osent pas car ils redoutent l’orthographe.
Certains étrangers aimeraient apprendre la langue française mais ne le font pas car son orthographe (sa grammaire, sa conjugaison) est trop compliquée.
6) Simplifier avant qu’on ne la simplifie : Si l’orthographe française ne se simplifie pas par « le dessus » de manière modérée et règlementée, ce sera la population qui se chargera de la simplifier de manière anarchique (comme sur le site : www.ortograf.net ou comme pour le langage SMS)
7) Toutes les autres langues latines ont déjà simplifié leur orthographe (depuis longtemps). Pourquoi pas le français ?
Langues latines (qui ont la même origine) et qui pourtant sont plus simples à écrire.
français | espagnol | portugais | italien |
applaudir | aplaudir | aplauda | applaudire |
chiffre | cifra | figura | cifra |
classer | clasificar | classifique | classificare |
cymbale | cimbalo | cimbalo | piatti |
mallette | maletìn | mala | valigetta |
musique | musica | música | musica |
orthographe | ortografia | soletrando | ortografia |
philosophie | filosofia | filosofia | filosofia |
photo | foto | fotografia | foto |
phrase | frase | oraçao | frase |
pique-niquepiquenique | picnic | picnic | |
poème – poésie – | poema – poesia | poema – poesia | poema – poesia |
possession | posesión | propriedade | possesso |
préoccupation | preocupación | preocupaçao | preoccupazione |
princesse | princesa | princesa | principessa |
sommaire | somero | sumária | sommario |
synthèse | sintesis | síntese | sintesi |
thème | tema | assunto | ? |
traditionnel | tradicional | tradicional | tradizionale |
wagon | vagón | carro | vagone |
water-polo | waterpolo | pallanuoto | |
zygomatique | zigomático | ? |
8) Corriger les absurdités, maintenir l’orthographe sensée.
Quand un enfant me demande « Monsieur, pourquoi des choux s’écrit-il avec x alors que des clous s’écrit avec s ? », je suis obligé de répondre « Je ne sais pas, c’est comme ça. Tu dois le retenir par coeur ! »
Cette réponse que je suis obligé de donner à l’enfant ne me convient pas. Je suis partisan de comprendre le pourquoi des choses et de ne pas mémoriser bêtement. Or, avec l’orthographe française, je ne sais pas respecter ce principe.
Pourquoi existe-t-il tant de réticences ?
a) Les adultes qui maitrisent l’orthographe ont peur de perdre un acquis, de devoir réapprendre et refusent le changement (un peu comme l’euro par rapport au franc belge).
Ils ont passé tellement d’heures sur les bancs scolaires à apprendre toutes ces règles, tous ces mots.
Pensons aux jeunes, aux nouvelles générations. Même si nous, adultes, devrons nous réhabituer à lire et à écrire autrement, le bénéfice que pourrait en retirer les nouvelles générations serait grand.
b) Ils veulent continuer à valoriser leurs connaissances actuelles, leurs savoirs. Ils sont fiers de leurs savoirs par rapport aux personnes qui en ont une moins bonne maitrise.
c) L’attachement inconditionnel à l’histoire, au passé. Or, comme je l’ai expliqué plus haut, même avec une simplification, on pourra continuer à retrouver l’étymologie des mots.
Quelques réactions de personnes qui ont signé la pétition :
« Félicitations pour cette initiative et cette excellente argumentation. Je prendrais un malin plaisir à compléter cette dernière et à la détailler dans un espace plus large que celui-ci dévolu aux commentaires. AUCUN DEFENSEUR DE L’ACTUELLE ORTHOGRAPHE NE RESISTE A LA LISTE DES ARGUMENTS et de leur illustration EN FAVEUR D’UNE REFORME DE L’ORTHOGRAPHE. (Sachez qu’il y a aussi des accords grammaticaux dont la difficulté ne relève que de… l’incohérence.)
Et vive la langue française ! Langue si vivante à l’oral… dommage que son orthographe peine aux soins palliatifs. » Lise Bruneel, linguiste de formation et ex-professeur de français.
« Les éléments présentés dans cet argumentaire sont tout à fait intéressants et ont le mérite de poser clairement les termes et les enjeux du débat. Je travaille, depuis deux mois, avec une classe de Troisième, sur cette question. » Sébastien Marguet, enseignant de lettres modernes, France
« Ce que je trouve ridicule ce sont tous ceux et celles qui s’accrochent à des anomalies comme « des chouX » mais « des chouchouS »! Je parle anglais et français et ces deux langues sont pénibles à écrire. » Jeffrey George, enseignant, Canada
« pour simplifier la vie des enfants, des adultes et des parents. » Béatrice Copy, agente de recherche, Canada
Vous aussi, signez la pétition pour une grande simplification de l’orthographe.
http://www.lapetition.be/list_signs.php?petid=3528&page=1
Difficultés « inutiles » de la langue française
penser
pincer |
applaudir
aplatir |
siffler
cibler |
des clous
des choux |
des pneus
des cheveux |
landau
bateau |
Mange !
Tu manges. |
applaudir
dire |
partir
écrire |
10 « proposissions » pour simplifier « l’ortografe fransaise ».
A) Simplifier les règles grammaticales
Supprimer les exceptions
1) Généraliser les pluriels (proposition d’André Chervel)
les animaux à animaus
les cheveux à les cheveus
2) Généraliser la conjugaison de l’impératif présent à la deuxième personne du singulier (TU)
Mange ! à Manges (comme « Écris – Bois – Lis – …)
3) Généraliser l’accord de la troisième personne du singulier
« d » pour tous les verbes en –dre (exemple : Il résout à Il résoud )
OU « t » pour tous les verbes
exemple : Il descend à Il descent
Il mange à Il manget
4) Généraliser l’accord du participe passé
Employé seul, et avec être, on accorde toujours comme un adjectif
Employé avec avoir , on n’accorde JAMAIS (Actuellement, 90 % des participes passés ne s’accordent pas – les personnes n’accordent pratiquement plus le participe passé quand ils parlent)
Cette simplification est expliquée et proposée par un rédacteur éditorialiste français François Pianel qui justifie cette simplification.
http://www.archive-host.com/files/1070864/e17e57f0a68dcb91bcf6cc352a414afe7deec87c/PARTICIPE.pdf
OU
Utiliser SANS EXCEPTION la règle unique de l’accord du participe passé
http://www.aide-doc.qc.ca/le.grammairien/ftp/pp1.pdf (de Charles-Henri Audet)
voir ma synthèse L’accord du participe passé en une seule règle
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette règle unique n’est pas une nouveauté, une révolution, mais le principe de base sur lequel se sont créées les règles « traditionelles ».
Voici d’ailleurs ce que dit le professeur de français Charles-Henri Audet
« Le participe passif s’accorde avec son désigné passif
Les règles traditionnelles ne sont pas fausses : elles donnent les bonnes réponses. Mais
elles traitent les cas à la pièce, sur la base de considérations tantôt formelles, tantôt logiques,
et occultent le fondement sémantique du mécanisme. En face des multiples règles d’accord du
participe passé, le commun des usagers doit forcément se dire : ou bien la langue n’est pas
vraiment ma propriété mais celle de quelques génies autorisés qui seuls la comprennent ; ou
bien les règles elles-mêmes, inventées par ces privilégiés, ne sont pas justifiées. L’usage
naturel et les règles de grammairiens témoignent pourtant, ici comme ailleurs, d’une intuition
profonde : une nécessité commune. À prendre pour des règles individuelles et autonomes les
effets d’une seule et même cause, on donne faussement et inutilement à croire que la langue
est compliquée. Bescherelle, comme d’autres linguistes et d’autres grammairiens, le savait
bien, lui qui disait : « On a embrouillé une matière fort simple » (in Hanse, 1987 : 685). »
B) Simplifier l’orthographe d’usage
5) Suppression des doubles consonnes inutiles (proposition d’André Chervel)
appeler à apeler
colline à coline
6) Suppression des lettres grecques (ph – th – y) (proposition d’André Chervel)
orthographe à ortografe
photo à foto
Ces 6 réformes permettraient déjà de gagner quelques centaines d’heures d’apprentissage.
Ci-dessous, vous trouverez d’autres propositions, plus audacieuses.
Je laisse le soin aux linguistes d’analyser la pertinence et la faisabilité des propositions ci-dessous :
7) Limiter le nombre de graphies d’un même son
– remplacer les « ein » par « ain »
o peindre à paindre
o frein à frain
– remplacer les « ei » par « ai »
o neige à naige
o freiner à frainer
– Ajouter un accent grave aux sons « è » qui s’écrivent avec un « e »
o chalet à chalèt
o les à lès
o perdre à pèrdre
o allumette à alumète
– remplacer les « k » et « qu » par « c »
o kangourou à cangourou
o cinq – cinquante à sinc – sincante
o
8) Supprimer les lettres muettes (inutiles)
En néerlandais ou en espagnol, toutes les lettres sont prononcées ! Pourquoi pas en français ?
Gardons les lettres muettes utiles, qui permettent de former le féminin, ou qui permettent d’accrocher un mot à une autre de la même famille.
Exemple : français à française ; trois à troisième ; dent à dentiste
Supprimons certaines lettres muettes :
toujours à toujour
près à prè
deux à deus – deusième
dans à dan
9) Supprimer les exceptions devant « i » et « e »
cigale à sigale
limace à limasse
manger à manjer
musique à musice
guitare à gitare
10) Remplacer les « tion » par « ssion »
récréation à récréassion (comme « commission »)
natation à natassion
patienter à passienter
Bruno Dobbelstein
Pour tout savoir sur la nouvelle orthographe http://www.renouvo.org/
Si vous remarquez des erreurs orthographiques, n’hésitez pas à me les communiquer. Je les corrigerai immédiatement.
Bruno Dobbelstein
Écrit le 14 octobre 2001 (mis à jour le 12 mai 2002)